- prosopopée
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♢ Fig. et rare Discours d'une véhémence emphatique. « orateur qui porte sur les lèvres le salut de tout un peuple, noyant ses adversaires sous ses prosopopées » (Flaubert).Synonymes :- harangueprosopopéen. f. RHET Figure qui consiste à faire agir et parler un mort, un animal, une chose personnifiée.⇒PROSOPOPÉE, subst. fém.RHÉT. Figure par laquelle l'orateur ou l'écrivain fait parler et agir un être inanimé, un animal, une personne absente ou morte. Colomba continua de la sorte pendant quelque temps, s'adressant tantôt au défunt, tantôt à sa famille, quelquefois par une prosopopée fréquente dans les ballate, faisant parler le mort lui-même pour consoler ses amis ou leur donner des conseils (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 96). Prenez-vous au sérieux la ville de Salente et la prosopopée de Fabricius? (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 285). La magnifique prosopopée de la Maison du Berger : ... Je suis l'impassible théâtre Que ne peut remuer le pied de ses acteurs (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 36).— P. méton. Discours pompeux, véhément et emphatique. Sidrac se tut, lui à qui nul de nous ne se flattait d'avoir rien rentré dans la gorge, poème, discours, prosopopée, récitatif (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 97).Prononc. et Orth. :[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1507 rhét. persuader par
(JEAN MOLINET, Ballade, LXIII, 23, éd. N. Dupire, 856); 2. 1677 « discours véhément, emphatique » (D'
, Aventures, ch. 3 ds LITTRÉ). Empr. au lat. prosopopeia, empr. au gr. tardif
« action de faire parler un personnage dans un récit », dér. de
« personnifier », comp. de
« expression du visage; masque de théâtre »; (littéral. « ce qui est face aux yeux d'autrui » de
- « en face de » et du rad. de
« vue ») et
« faire ». Fréq. abs. littér. :27.
prosopopée [pʀɔzɔpɔpe] n. f.ÉTYM. 1611; prosopopeÿe, fin XVe; lat. prosopopeia, grec prosôpopoiia « personnification », rac. prosôpon « personne, personnage », et poieîn « faire ».❖1 Rhét. Figure par laquelle on fait parler et agir une personne que l'on évoque, un absent, un mort, un animal, une chose personnifiée… ⇒ Évocation. || La prosopopée de Fabricius, dans le Discours sur les Sciences et les Arts, de Rousseau.1 Il se voyait (…) à la tribune de la Chambre, orateur qui porte sur ses lèvres le salut de tout un peuple, noyant ses adversaires sous ses prosopopées, les écrasant d'une riposte, avec des foudres et des intonations musicales dans la voix (…)Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, V.2 Or, l'incident Lenoir était, on en conviendra, de nature à m'inspirer sinon des prosopopées, du moins de très « poétiques » solennités d'idées et de phrases.Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 146.
Encyclopédie Universelle. 2012.